Francfort, au début des années 1960. Eva Bruhns est une jeune femme sans histoire : interprète du polonais, elle est requise pour traduire les dépositions de témoins au second procès d’Auschwitz qui vient de s'ouvrir afin de traduire en justice les crimes de dignitaires nazis. Si elle voit d'abord dans ce travail l'occasion de conquérir une autonomie financière inédite, les révélations auxquelles le procès la confrontent ne tardent pas à la bouleverser…
Extrait :
- Ludwig Bruhns, c’est votre père, n’est-ce pas ? […]
- Il était cuisinier au mess camp. Vous aviez quel âge à l’époque ?
Eva ne répondit pas. […] prononçant à son tour cette phrase qu’on entendait si souvent durant l’audience :
- Je ne savais pas.
Puis elle poursuivit :
- Je n’avais aucun souvenir de cette période. Comment aurais-je pu accepter ce travail, sinon ? Je ne savais même pas que mon père était dans la SS. […] Vous voyez vos soupçons confirmés, […], n’est-ce pas ?! Vous dites toujours que chacun d’entre nous, dans ce pays, était impliqué. […].
- Oui, c’est ce que je pense, […]. Jamais ce « Reich » n’aurait pu fonctionner comme il l’a fait si la plupart des gens n’y avaient pas adhéré.
La maison allemande / Annette Hess. - Actes Sud. - 394 p. - (Lettres allemandes)
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